65 milliards de dollars. C’est la somme que pèsera, d’ici 2025, le marché mondial du NoCode et du LowCode, d’après les derniers chiffres de Gartner. Pourtant, près de 60 % des entreprises européennes consultées alertent déjà sur les limites parfois drastiques de ces solutions, qu’il s’agisse de personnalisation ou de sécurité.
Dans ce contexte, la demande pour des compétences solides en développement classique repart à la hausse dans la fintech, malgré les progrès de l’intelligence artificielle et la multiplication des plateformes automatisées. Ce regain d’intérêt interroge : quels choix pour les équipes techniques et les dirigeants du secteur ?
Le code à l’ère du NoCode et du LowCode : mutation ou disparition ?
La fintech vit une transformation majeure, portée par la vague des solutions low code et de leur lot de promesses. Microsoft Power Platform, chef de file du secteur, fait briller l’idée que créer une application ne devrait plus être réservé aux initiés du développement. De quoi séduire les entreprises en quête de rapidité et de maîtrise budgétaire. Pourtant, sur le terrain, la réalité s’avère bien plus contrastée.
Le code n’a pas disparu : il s’est transformé. Certes, les outils low code accélèrent la livraison de projets, mais dès que la personnalisation, l’intégration poussée ou la sécurité deviennent prioritaires, ils montrent leurs failles. Les fintechs, soumises à des normes strictes et à une compétition féroce, ne peuvent pas s’en remettre totalement à ces plateformes. Il faut des développeurs pour imaginer des architectures sur mesure, résoudre des cas complexes ou s’assurer du respect des règles.
Voici ce que chaque approche apporte concrètement :
- Agilité pour les métiers : les plateformes low code donnent la main aux équipes non techniques pour tester et ajuster rapidement.
- Contrôle et évolutivité : le développement traditionnel garde la main sur la robustesse, la scalabilité et la conformité.
- Compétitivité : seules les fintechs qui conjuguent ces deux mondes parviennent à rester dans la course.
Si le low code accroît l’autonomie des équipes, la maîtrise du code reste la base des innovations solides. Plus que jamais, la question n’est pas de choisir entre automatiser ou programmer, mais de tirer le meilleur des deux pour concevoir des solutions financières fiables et évolutives.
Quels rôles pour les développeurs face à l’essor de l’intelligence artificielle ?
Dans la fintech, le développement logiciel ne se limite plus au simple maniement des langages informatiques. Il faut savoir accompagner, guider, parfois rectifier les codes générés par l’intelligence artificielle. Les outils code automatisés gagnent du terrain, mais loin d’éclipser la compétence humaine, ils l’obligent à évoluer.
Les institutions financières misent sur les algorithmes pour accélérer la sortie de services bancaires ou offrir une expérience enrichie. Mais le code généré par l’IA reste souvent incomplet, fragile, et ne répond pas toujours aux contraintes de sécurité et de conformité propres au secteur. Les développeurs, eux, veillent à la solidité de l’ensemble, corrigent, optimisent. Ils orchestrent la rencontre entre finance intégrée, automatisation et vigilance humaine.
Trois axes structurent aujourd’hui le quotidien des équipes techniques :
- Élaborer des flux robustes pour absorber la hausse constante du volume de transactions.
- Auditer, ajuster et fiabiliser le code issu des IA pour qu’il colle aux exigences de la technologie financière.
- Identifier en amont les risques liés à l’ajout de nouvelles briques logicielles dans les services financiers.
La part humaine ne s’efface pas, bien au contraire : elle s’affirme comme rempart face à la complexité technique, à l’imprévisibilité des marchés et à l’impératif de protection des données. Les développeurs incarnent la confiance et l’expertise, dans un secteur où l’automatisation ne fait pas tout.
NoCode, LowCode et code traditionnel : forces, limites et complémentarités en fintech
Les fintechs multiplient l’usage des plateformes NoCode et solutions LowCode pour accélérer la mise en route d’applications dédiées aux paiements, à la gestion ou à l’assurance. Objectif : aller vite, tester, s’adapter, limiter les coûts d’entrée. Les utilisateurs métiers peuvent ainsi prototyper, valider des concepts, itérer sans attendre le feu vert des développeurs. Résultat : un time-to-market raccourci, une innovation plus fluide.
Mais la solidité d’un service financier ne tolère ni faille, ni approximation. Dès qu’il s’agit d’intégrer une blockchain, de déployer un contrat intelligent ou de satisfaire aux normes d’une banque centrale, le développement traditionnel redevient incontournable. Les plateformes LowCode montrent vite leurs limites sur des architectures complexes, les performances à maintenir ou la traçabilité exigée par les autorités.
Les deux approches ne s’excluent pas, elles se complètent. Les développeurs expérimentés assurent la sécurité, l’industrialisation, la documentation ; les product owners explorent, testent, font émerger de nouvelles idées. Ensemble, ils construisent des services bancaires capables de traiter aussi bien les paiements instantanés que les actifs numériques. La technologie évolue, les modèles économiques aussi. Mais une chose demeure : le code, quelle que soit sa forme, reste le moteur de l’innovation financière.
Les tendances à suivre en 2025 pour rester acteur de l’innovation logicielle
La sécurité s’impose comme priorité absolue. Face à la sophistication des menaces, les fintechs musclent leur arsenal. La cybersécurité ne concerne plus seulement les géants mondiaux : chaque éditeur, chaque prestataire de paiement doit garantir l’intégrité des flux et la confidentialité des données. Les exigences de la régulation européenne s’appliquent partout, et des acteurs français tels que bnp paribas s’y conforment scrupuleusement. La conformité devient un marqueur de fiabilité, un argument auprès des clients et partenaires.
L’essor des monnaies numériques des banques centrales et de la finance intégrée bouleverse les modèles. Les applis de paiement instantané, la généralisation des services mobiles et la connexion directe aux infrastructures publiques modifient le périmètre d’action des développeurs. Les alliances entre fintechs et géants de la tech (Apple, Google…) se multiplient, chacun cherchant à imposer ses protocoles, ses solutions maison, ses modules logiciels.
L’irruption de l’intelligence artificielle générative, stimulée par l’adoption massive de Github Copilot et d’outils similaires, change la donne. Le code produit par l’IA accélère la livraison, mais impose de nouveaux réflexes : valider chaque script, assurer la traçabilité, repenser l’ensemble des workflows. Les équipes croisent expertises humaines et automatisation, cherchent sans relâche l’équilibre entre rapidité et fiabilité, anticipent les risques inédits.
Voici les axes stratégiques qui s’imposent pour rester en tête :
- Adaptation continue à la réglementation européenne.
- Cybersécurité avancée : protection des API, chiffrement, audits permanents.
- Interopérabilité : intégration fluide des services tiers, adoption des standards ouverts.
Entre ambitions des banques centrales, pression pour accélérer le time-to-market et attentes croissantes de personnalisation, la nécessité de coder, différemment, plus vite, avec plus de contrôle, s’impose. Le code ne s’efface pas : il se réinvente, et avec lui, le visage même de la fintech.


